À revoir / Exposé public
Imaginer l’après cancer
Avec Laurent Schwartz, cancérologue

Que se passerait-il si, dans un avenir très proche, le cancer, responsable de près de 150 000 décès par an, devenait curable ?
Nos logiciels de compréhension de cette maladie, et, au-delà, des mécanismes de la vie, ne deviendraient-ils pas de facto caducs ? Sans doute, pris de cours, nos esprits méconnaîtraient-ils le sens de cette révolution.
Faute d’avoir su cultiver la faculté d’imagination, définie par Baudelaire comme « reine des facultés », ils s’obstineraient à mettre en avant une vision de la société où le cancer – au même titre que le chômage (défini comme « cancer de la société ») – a valeur de repoussoir, dessine un horizon de lutte incessante contre lui. Mais au-delà de la nature guerrière et théologique de ce combat (le cancer est à la fois compris comme fléau qui tue et détruit mais aussi en tant qu’image du diable) s’est affirmé le primat sur l’action d’une morale de l’intention et d’une éthique de la compassion.
En dépit de l’ampleur des moyens engagés depuis plus d’un siècle (cf. Patrice Pinell, La naissance d’un fléau. Histoire de la cancérologie, 1890-1940), la cancérologie est auréolée de succès limités.
Guérir le cancer paraît aujourd’hui tout aussi utopique qu’hier. Faute de le pouvoir ? Faute de le vouloir ? Questions qui, selon nous, posent le problème de la définition du travail de l’invention dans le domaine des sciences, de son initiation, du désir auquel il répond et des affects qui en favorisent ou en inhibent le processus.
Le contenu de cette présentation sera discuté par Éric Hamraoui, enseignant-chercheur au Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD), avant de laisser la place aux questions.
- Entrée libre dans la limite des places disponibles