Au cœur des thématiques de formation du Cnam

Santé solidarité

Conférence Mission Santé

11 mai 2022

Cette semaine, nous vous proposons de découvrir les thématiques dispensées par l’équipe pédagogique nationale (EPN) Santé-solidarité. Ce domaine regroupe des diplômes et des unités d’enseignement diversifiés, propres à former des experts de terrain.
Sandra Bertezene, professeur du Cnam, titulaire de la chaire Gestion des services de santé, et directrice de l’EPN Santé-solidarité, répond à nos questions pour vous éclairer sur vos futurs choix de formation.
Sandra BertezeneVous dirigez l'équipe pédagogique nationale Santé-solidarité du Cnam. Pourriez-vous définir chacune des thématiques de formation de votre équipe pour bien en comprendre la portée et la finalité?

Au sein de notre équipe, la solidarité et la santé se déclinent en sept grands domaines :

Ces grands domaines font l’objet de cursus du bac+1 au doctorat, formant ainsi les futurs techniciens, cadres et dirigeants d’entreprises et d’organisations des secteurs public et privé, y compris les services et les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux. Notre équipe est fortement impliquée dans le pilotage des 25 diplômes que nous proposons, en alternance et en formation continue, en France et à l’étranger.

De nombreux experts, reconnus pour leurs compétences dans le monde de la santé et de la solidarité, apportent leur précieuse contribution et partagent leurs connaissances avec nos élèves : l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (UNIOPS),  Croix-rouge française, France Silver Eco, etc.

 

Le Cnam est reconnu pour concilier enseignements théoriques et pratiques, et ainsi coller au plus près des besoins de terrain. Comment opérez-vous dans votre équipe pour proposer des formations qui répondent aux besoins des entreprises? Via quelles coopérations extérieures aussi?

Nos missions d’expertise et nos activités de recherche nous conduisent à collaborer avec différentes institutions du monde de la santé et de la solidarité. Ces moments sont pour nous autant d’occasions d’écouter les besoins de nos partenaires et, ensemble, de construire des formations adaptées à leurs besoins.

Par exemple, une collaboration avec Nexem a permis de développer le Certificat de compétences Assistant aux projets et parcours de vie. Ou encore l’association Opale et l’école coopérative EMI travaillent avec notre équipe afin de déployer le Certificat de spécialisation Innovations sociales et société de service. Nos collaborations dépassent nos frontières. En Afrique, par exemple, nous développons des collaborations avec l'Institut national de travail social de Madagascar et du Congo afin de former professionnels du soin et du travail social.

Des collaborations avec des partenaires comme ATD Quart Monde, Elsan, les agences régionales de santé (ARN), ou encore le ministère de la Santé, nous permettent de répondre à des problématiques sociétales de premier plan, mais également d’identifier des besoins en compétences dans les champs professionnels qui sont les nôtres. Ce travail nous conduit à développer ou adapter nos formations. Je peux citer, par exemple, la transition écologique, économique et sociale, l'accès à l'enseignement supérieur des jeunes aspergers, l'usage de la télémédecine par les personnes polyhandicapées, le développement de la pratique médicale en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, le pouvoir d’agir des publics en santé, la coordination des tutelles et des hôpitaux lors d’une crise sanitaire, l'accueil des réfugiés en France.
 

Le monde évolue, les techniques aussi : quelles sont les innovations en cours ou à attendre dans les filières qui sont les vôtres? Et quels cursus nouveaux sont susceptibles d'apparaître pour y répondre?

À court terme, nous nous focalisons sur trois enjeux majeurs :

  1. Le vieillissement de la population : répondre aux besoins grandissant des personnes handicapées vieillissantes, développer une éthique du care, proposer des prises de soins innovantes, etc. Pour relever ce défi majeur, nous développons de nouvelles formations et avons besoin d’attirer des personnes qui ont envie de (re)donner du sens à leur activité professionnelle en s’engageant auprès de nos ainés. C’est dans cette perspective que nous avons ouvert cette année le bac+1 Accompagnement professionnel et bientraitance des personnes âgées, le master Management des services et des établissements pour personnes âgées et le mooc Humanités en santé; c’est aussi dans cette logique que nous ouvrons à la rentrée 2022 le Deust Métiers de la cohésion sociale.
  2. L’accueil des migrants : une personne sur sept dans le monde (soit 1 milliard de personnes) est un migrant et des milliards d’autres sont touchées par la migration. Les professionnels de l’intervention sociale travaillent avec des personnes ayant une autre culture, elles sont aussi parfois porteuses de handicaps sociaux et physiques. On demande donc aux professionnels d’ajuster leurs pratiques, de proposer des réponses adaptées aux diversités des situations rencontrées. C’est pour répondre à cet enjeu que nous ouvrons à la rentrée prochaine la licence professionnelle Intervention sociale et interculturalité.
  3. Les questions d’accessibilité, de handicap et de citoyenneté traversent ces enjeux que sont la migration ou encore le vieillissement et la perte d’autonomie. C’est pour cette raison que nous ouvrirons également prochainement le master Accessibilité, innovations et droits.

Enfin, question plus large, comment voyez-vous l'évolution de la formation professionnelle à horizon 10 ou 20 ans? Ce sera quoi, la formation de demain? Ils seront comment, les élèves de demain?
Notre rôle est de proposer une offre de formations en adéquation avec les aspirations des publics que nous accueillons, mais également avec la transformation des métiers et les mutations technologiques (mooc, formation à distance, simulation en réalité augmentée, etc.). Nous disposons de trois atouts pour mieux appréhender ces évolutions : les expertises, qui nous permettent d’être à l’écoute de notre secteur; la recherche scientifique, qui nous permet de mieux comprendre notre environnement et l’incertitude qu’il véhicule; enfin, les valeurs humanistes et républicaines transmises par l’abbé Grégoire, qui sont notre boussole en dépit des changement nombreux et brutaux imposés par notre environnement.