4L Trophy 2018: Topographes géomètres et trophistes
23 février 2018
Rien ne prédestinait ces deux étudiants de l’École supérieure des topographes et géomètres (ESGT), implantée au Mans, à s’embarquer pour une traversée du désert à bord d’une 4L conçue en 1985. Et pourtant, Théo 21 ans, et Gabriel 21 ans, ont pris le départ du 4L Trophy, ce rallye humanitaire réservé aux étudiant·e·s, le 15 février 2018. À défaut d’une passion pour les sports mécaniques, c’est une soif d’aventure qui les animent. « Nous avons découvert ce raid à travers le témoignage d’anciens de l’école qui l’avaient effectué il y a deux ans. Passer plus d’une semaine dans le désert, coupé du monde nous tentait. » Et pour ne rien gâter, en participant à la 21e édition du raid, ils savent qu’ils contribueront, via leurs dons, à soutenir la scolarisation des enfants défavorisés du Maroc et les populations françaises défavorisées. Il n’en faut pas beaucoup plus pour les décider à reprendre le flambeau de l’association étudiante 4L GT à l’école.
L’ESGT et le Cnam pour sponsors
Si trouver une Renault 4L s’avère facile, leur préparation se corse avec la recherche de sponsors pour financer leur course. « Nous avons créé une plaquette de présentation et récolté 8 000 euros auprès d’une vingtaine de sponsors. Les démarches étaient difficiles. C’est finalement surtout grâce à nos proches que nous avons trouvé des mécènes. » Parmi ces derniers, figurent en bonne place leur école et le Cnam. L’établissement a aussi soutenu deux autres binômes de valeureux aventuriers : Marion et Gabriel, du Cnam Hauts-de-France, ainsi que Laurie et Léo, étudiant·e·s à l’École nationale d’assurances (Enass) qui ont également choisi de prendre le départ cette année-là.
L’inscription, les dons, le matériel pour le voyage, mais aussi les réparations du véhicule ont pu être financés grâce à la somme collectée par Théo et Gabriel. Il faut dire que le châssis, la carrosserie et le moteur avaient besoin d’un sacré coup de neuf. Les deux jeunes gens ont donc mis les mains dans le cambouis avec le père de Théo.
Gabriel et Théo sont fin prêts pour le départ du 4L Trophy
Une course d’orientation au milieu du Sahara
Après plusieurs mois de préparation, ils sont prêts pour se lancer dans le raid : de Biarritz jusqu’à Marrakech, moyennant une traversée de l’Espagne et du détroit de Gibraltar. Passer de la neige, rencontrée jusque dans les cols de l’Atlas, à l’aridité du désert marocain. Au total, plus de 6 000 kilomètres, et beaucoup de pistes à travers le Sahara, dont les garçons gardent un souvenir ému. « C’était notre première fois sur des pistes. On s’est retrouvé au milieu de nulle part. Tout y était plat, parfois sur plusieurs dizaines de kilomètres. Avant les dunes de sable, nous avons traversé des zones rocailleuses, montagneuses. Des paysages très variés… et très dépaysants pour des topographes », précise Théo.
Boulajoul, dans la région de Meknès au Maroc, constitue la première étape qui leur permet de se positionner au classement. Mais ici, pas question de vitesse. Seule compte la capacité des 1 243 équipages en duo à s’orienter. Leurs principales ressources : une boussole et un road book (une compilation des étapes, des kilomètres à parcourir et des repères pour retrouver son chemin). Et « ce n’était pas si simple de s’orienter ! D’autant plus que le métal de la voiture perturbait la boussole ! Il nous fallait sortir et s’éloigner du véhicule pour qu’elle fonctionne correctement. Malgré cela, nous ne nous sommes vraiment perdus qu’une seule fois », affirme Gabriel. En moyenne, ils effectuent entre 100 et 150 kilomètres par jour. Mais leur objectif est bien d’accumuler le moins de kilomètres possible au compteur. Pour éviter tout engorgement, les départs sont échelonnés tous les matins entre 7h et 12h.
Sur les pistes cahoteuses, leur 4L tient bon. « Quand on passait dans le sable avec un peu de vitesse, il nous arrivait de taper sur les plaques de protection du moteur et du réservoir. Ça les tordait un peu, mais rien de plus. » Bref, hormis quelques ensablements, aucun problème mécanique majeur n’est à déplorer. En revanche, « on a vu beaucoup d’équipages travailler toute la nuit avec les mécaniciens du PC mécanique pour pouvoir repartir le lendemain ! »
Parce que ce rallye est aussi une expérience d’entraide, les deux aventuriers prêtent main forte à plusieurs reprises à des participant·e·s en mauvaises postures. « On s’est notamment arrêté une fois pour aider une voiture qui avait perdu une roue ! » Et s’ils ne connaissaient personne d’autres au début du raid, ils sympathisent vite avec quatre autres participants qu’ils ne quittent plus tout au long de l’aventure et des bivouacs. Y compris lors de la double étape marathon qui clôt la course avec 48 heures en autonomie et un parcours de 600 kilomètres jusqu’à la place Bab el Jdid de Marrakech : « Le deuxième jour, nous avons franchi deux cols de l’Atlas et retrouvé la route. On est alors passé du grand soleil à la grisaille. Et on a revu l’herbe pour la première fois depuis une semaine. C’était fou ! »
Des dons pour la Croix-Rouge et l’association Enfants du désert
Un meilleur souvenir ? « Les dunes de Merzouga ! C’était le plus bel endroit. Et nous avons été marqués par l’ambiance qui y régnait. » En effet, l’arrivée, au terme de la première étape au Maroc, dans ce petit village situé à la frontière algérienne et aux portes du désert constitue l’un des temps forts du rallye : c’est la remise des dons à l’association Enfants du désert, dans l’objectif d’aider les filles et garçons les plus démuni·e·s du Maroc. Ces dons se cumulent aux 10 kilos de denrées non périssables qu'ils ont confiés, à l’instar de leurs camarades, à la Croix-Rouge française et à la banque alimentaire au Village-départ de Biarritz. Sur le sol marocain, les garçons ont offert deux cartables remplis de fournitures scolaires et un fauteuil roulant, récupéré grâce à leur association à l’ESGT. « Ce jour-là, 35 400 euros ont été récoltés et devraient permettre à l’association Enfants du désert de construire trois nouvelles écoles au Maroc ! », souligne Théo.
Au final, le 23 février, Gabriel et Théo ont décroché la 193e position au classement sur 1 243 équipages et repris le chemin de leurs études à l’ESGT. Quid de leur 4L ? « Nous avons voulu la garder au moins un an. Pour peut-être participer à d’autres raids ailleurs, en 4L ou autrement… » Bravo à eux et à tous les participants Cnamiens.
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