Rencontre avec Matthieu Montes du laboratoire GBA

Parcours d’un projet de recherche : en route pour Bruxelles

21 novembre 2014

Suivons le parcours de Matthieu Montes dans sa course aux financements européens de l’ERC…ou comment donner envie à d’autres de nos chercheurs de se lancer !
Chercheur au parcours atypique, c’est par un BTS de biochimie à l’École supérieure des techniques de biologie appliquée que Matthieu Montes a débuté ses études supérieures. Son parcours universitaire le conduit ensuite à être diplômé de l’université Paris Diderot-Paris 7 en biochimie et bioinformatique. En 2007, il obtient son doctorat en sciences pharmaceutiques à l’université Descartes (Paris 5) avec pour sujet de thèse le Développement et les applications de méthodes de drug-design et de criblage in silico.

Matthieu Montes est aujourd’hui maître de conférences au Cnam, a soutenu récemment son habilitation à diriger des recherches et poursuit sa recherche au sein du laboratoire GBA : Génomique, bioinformatique et applications du Cnam.
 
GBALe laboratoire GBA, créé en 2010 et dirigé par Jean-François Zagury a pour but la découverte de nouveaux médicaments. Le laboratoire a la particularité d'associer des bioinformaticiens génomiciens avec des bioinformaticiens spécialistes de la conception de médicaments (le drug design). De plus, le laboratoire est très proche des applications industrielles car il travaille en aval avec plusieurs start-ups. Cette proximité avec l'expérimentation permet de tester rapidement et efficacement les composés identifiés par drug design.

Matthieu Montes participe à des projets transverses avec d’autres laboratoires du Cnam comme le CMGPCE (équipe chimie moléculaire) et le Cedric (équipes Interactivité pour lire et jouer et Méthodes statistiques de fouille de données et apprentissage). Il définit le projet qu’il souhaiterait faire financer par l’Europe, dans le cadre du programme Horizon 2020, comme « son plus beau projet ». Celui-ci tourne autour du rôle central de la représentation des systèmes dans leur modélisation et découle à la fois des travaux menés avec Guillaume Levieux du Cedric sur le projet Udock et à la fois de ses recherches sur le calcul haut-débit et la simulation d’interactions entre les macromolécules. Il s’agit d’un projet de recherche fondamentale.
 
Comme de nombreux chercheurs, l’une des missions de Matthieu Montes est la recherche de financement pour ses projets. Il nous raconte ici le parcours du jeune chercheur répondant à un appel à projet du Conseil européen de la recherche : l’ERC (European Research Council).

C’est, après la lecture d’un mail de la cellule veille du Service de la recherche regrettant le nombre peu élevé de projets français déposés devant l’ERC, qu’il décide de se lancer dans l’aventure. Il dépose alors un projet inédit qu’il envisage comme le point de départ d’un projet beaucoup plus vaste, presque « un projet de vie », et à qui l’ERC pourrait donner vie en finançant sa première étape, sur cinq ans.

Matthieu Montes a alors moins de trois mois devant lui pour préparer et envoyer son dossier de candidature tout en poursuivant ses activités d’enseignant-chercheur. Il concourt dans la catégorie Starting grants réservés aux chercheurs ayant acquis deux à sept ans d’expérience depuis l’obtention de leur doctorat. Le financement de l’Europe peut aller jusqu’à un million et demi d’euros par projet. L’utilisation par les chercheurs de ces fonds très importants fait l’objet d’un contrôle très rigoureux de la part de l’ERC et ce, jusqu’à dix ou quinze ans après la fin du projet.
Les projets financés par l’ERC, à la différence de l’ANR, sont des projets de recherche hauts risques/hauts gains ; des projets ambitieux dont la finalité n’est pas assurée mais qui peuvent potentiellement être des « ruptures technologiques ». Ils se divisent en trois catégories disciplinaires
  • Social Sciences and Humanities (SH)
  • Life Sciences (LS)
  • Physical and Engineering Sciences (PS)
qui sont elles-mêmes sous-divisées en vingt-cinq sections disciplinaires.
L’ERC récompense les meilleurs chercheurs européens en mettant à leur disposition des fonds extrêmement importants, mais aussi en leur offrant une reconnaissance à l’échelle internationale. Obtenir un financement de l’ERC aura une influence positive sur toute la carrière d’un chercheur.