Anniversaire du Cnam (épisode 1/4)

Le Cnam fête ses 230 ans : plus de deux siècles d’histoire

7 octobre 2024

C’était le 10 octobre 1794, en pleine Révolution. Un monde nouveau est apparu cinq ans plus tôt, qui fait de l’éducation un thème central de son action. C’est ainsi que l’abbé Grégoire obtient de la Convention la création d’un conservatoire permettant de rassembler les outils et machines nouvellement inventés et perfectionnés. Dès lors, la vocation du Cnam sera de les présenter au grand public, puis de participer par la formation de tous aux progrès de la technique et de l’industrie nationale.

Entree du Cnam Saint-Martin : grilles fermees.« Il faut éclairer l'ignorance qui ne connaît pas et la pauvreté qui n'a pas les moyens de connaître », aimait à dire l’abbé Grégoire. Le premier jalon de cet aphorisme prononcé telle une ambition est posé en 1798, lorsque l’ancien couvent de Saint-Martin-des-Champs est affecté au Cnam pour y présenter ses collections, devenant ainsi le « temple de la technique ». Le célèbre fardier de Cugnot, ancêtre de l’automobile, fait partie de ces drôles de machines appelées à révolutionner l’histoire des hommes.

Ce n’est qu’un peu plus tard, en 1819, après la chute du Premier Empire, que le Cnam devient un lieu d’enseignement et de transmission des savoirs. Les trois premières chaires sont alors créées : la mécanique appliquée aux arts, de Charles Dupin ; la chimie appliquée aux arts, de Nicolas Clément-Desormes ; l’économie industrielle, de Jean-Baptiste Say. En deux siècles, on est passé des trois chaires fondatrices à plus de cinquante chaires balayant pratiquement tous les domaines des sciences humaines, de gestion et de l’ingénieur. Et à plus de 700 parcours de formation tout au long de la vie et d’unités d’enseignements à la carte déployés dans toutes sortes de modalités.

Les étapes suivantes

Le parcours du Cnam est fait d’évolutions permanentes avec, par exemple, la création des premiers laboratoires de recherche en 1852, l’inauguration de l'Institut d'aérotechnique en 1911, ou encore la première conférence dans les murs du Conservatoire de l’emblématique Marie Curie en 1920. En 1924, il y a tout juste cent ans, le Cnam diplômait par ailleurs son tout premier ingénieur, Roger Cazaud, dans la spécialité Métallurgie. Aujourd’hui, ce sont plus de 30.000 ingénieurs qui sont passésCours en amphitheatre a  l'ESGT par les bancs de l’établissement.

Un peu plus près de nous, 1952 est l’année qui voit la création des centres régionaux associés. Le premier à ouvrir la voie est le centre de Lille. Depuis cette date, le maillage du Cnam est exceptionnel : 20 centres en région et en Outre-mer, 5 centres à l’étranger (Chine, Côte d’Ivoire, Liban, Madagascar et Maroc), et 230 centres d'enseignement répartis sur l’ensemble du territoire national.

En 1993, le Cnam est le premier établissement d'enseignement supérieur français à se doter d’un site internet, prouvant là encore son côté précurseur en matière d’évolution technique. En 2005, il s’ouvre à la formation initiale avec la création de son centre de formation des apprentis (CFA), puis, cinq plus tard, de l'École Vaucanson, qui accueille des bacheliers des branches professionnelles. En 2010, le Cnam met en place le diplôme bac+1, qui permet d’acquérir des compétences et des savoirs valorisables sur le marché du travail, une solution pour contrer un taux de chômage trop important chez les 15-24 ans.

En 2018, le Cnam est choisi pour incarner la politique « Au cœur des territoires », une réponse de proximité aux besoins de formation dans les villes moyennes, ce qui leur permet d’accueillir des enseignements propres à satisfaire les spécificités de leur économie locale (en savoir +). Enfin, fort de son expérience dans l’accompagnement des évolutions industrielles, le Conservatoire crée quatre nouvelles écoles afin de répondre aux attentes nombreuses liées aux thématiques actuelles : Transitions écologiques, Énergie, Numérique et IA, Santé.

Portrait de l’abbé Grégoire, fondateur du Cnam

Buste de l'abbé Henri Grégoire, fondateur du CnamNé dans le petit village de Vého, près de Lunéville (Meurthe-et-Moselle), Henri Grégoire est issu d’une famille pieuse et modeste. Il entre dans les ordres et devient à 26 ans l’abbé Grégoire. Imprégné de la pensée des Lumières, il est élu député du clergé aux États généraux. Chef de file du bas clergé lors du serment du jeu de Paume du 20 août 1789, on lui attribue généralement l’article premier de la déclaration des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée le 26 août qui établit que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». La création du Conservatoire national des arts et métiers, dépôt des « inventions neuves et utiles », illustre ses aspirations en matière d’éducation, d’enseignement et de sauvegarde du patrimoine. À la chute de l‘Empire en 1815, Grégoire se retire de la vie publique pour se consacrer à l’écriture. Il meurt le 28 mai 1831, à l’âge de 81 ans. Il est enterré dans le cimetière de sa paroisse à Emberménil. En 1989, sa dépouille est transférée au Panthéon, à l’occasion des fêtes du bicentenaire de la Révolution.