Minute de silence le 19 octobre à 12h

Hommage à Samuel Paty

19 octobre 2020
12h

Cour d'honneur du Conservatoire National des Arts et Métiers
En hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire dévoué à ses élèves et engagé dans sa mission de transmission, l'ensemble des auditeurs et personnels du Cnam a été invité à réaliser une minute de silence ce lundi 19 octobre à 12h, dans la cour d'honneur du Cnam.

Message aux personnels et aux auditeurs du Cnam

Chères et chers collègues,
Chères et chers auditeurs,
Mesdames et Messieurs,


Comme vous toutes et vous tous, j’ai été sidéré par l’horreur du crime effroyable commis vendredi après-midi à Conflans-Sainte-Honorine, dans notre région.

Ce n’est pas seulement la barbarie de cet acte terroriste qui nous bouleverse mais c’est aussi sa signification qui nous émeut au plus profond et provoque en nous un sentiment d’incompréhension et de déchirante injustice. L’assassinat aux allures d’exécution de Samuel Paty, professeur d’histoire dévoué à ses élèves et engagé dans sa mission de transmission, résonne en nous avec violence car il nous renvoie à notre vocation individuelle et collective de formateurs et d’agents publics, de militants de la transmission des connaissances et des compétences. Au-delà des inévitables questions de sécurité que ce nouvel attentat pose, il doit nous interroger au sein du Conservatoire sur deux dimensions majeures et incontournables : la liberté pédagogique des enseignants et la laïcité du service public d’éducation. En tant qu’enseignant et chef d’établissement, je ne dérogerai jamais à ces deux principes constitutifs de nos valeurs. Ils sont intimement liés à l’histoire du Conservatoire national des arts et métiers, une histoire tracée par l’abbé Grégoire dont nous portons l’exigence républicaine et l’héritage intellectuel depuis 226 ans.

Permettez-moi de réagir d’abord en tant qu’enseignant d’histoire car c’est l’un de mes collègues qui a été fauché. L’histoire est le plus noble combat pour la vérité. Il est à la fois indispensable mais difficile et j’ai pu le mesurer par le passé, en portant notamment des manifestations autour du crime contre l’humanité et de la guerre d’Algérie. Les historiens ne doivent pas céder à l’autocensure. En tant que grande institution de formation, nous devons également faire avancer les choses pour lutter contre toutes les formes de discrimination et pour être fidèles à notre fondateur. Je suis convaincu en ce sens que la création d’une chaire sur le genre, pour lutter contre les inégalités femme/homme, mais aussi l’enseignement de la langue arabe dans un établissement public représentent des avancées. Aujourd’hui, notre mission de formation est en train de s’élargir vers l’art et la culture. Je suis fier que le Conseil des sages de la laïcité, souvent cité ces derniers jours, se réunisse désormais dans nos murs. La laïcité est en effet un rempart contre l’intolérance, qui permet à chacun, en toute liberté, de croire ou de ne pas croire. Il s’agit à la fois d’être proactifs pour les valeurs qui nous font Républicains et vigilants à ne jamais ostraciser, en racontant par exemple tous les apports de ceux qui sont venus en France pour y vivre à nos côtés. Notre pays est à la fois républicain et humaniste. Ne l’oublions jamais.

Au nom de notre communauté, je tiens à adresser notre soutien aux proches de la victime et nos condoléances à sa famille. Nous sommes également solidaires de tous nos collègues, des élèves et de leurs parents, des établissements scolaires, choqués par une telle horreur. Au moment où un hommage national sera rendu à Samuel Paty mercredi, une assemblée des chaires du Cnam se tiendra. Je sais que son président, notre collègue le professeur Marc Himbert, veillera à ce qu’elle soit l’occasion d’associer notre établissement à ce moment de recueillement. J’y participerai bien sûr. Nous devons être toutes et tous unis contre la barbarie.

Je souhaite également qu’une minute de silence soit organisée aujourd'hui 19 octobre 2020 à 12 heures dans la cour d’honneur, ainsi que au sein de chacune de nos entités selon les modalités que les responsables sur place voudront bien mettre en place. Nous nous retrouverons ainsi pour ce moment de recueillement à l’unisson d’un grand nombre d’établissements d’enseignement supérieur publics.

Comme l’a déclaré le président de la République, « tous et toutes nous ferons bloc. Ils ne passeront pas. Ils ne nous diviseront pas. C’est ce qu’ils cherchent et nous devons nous tenir tous ensemble ».

Je vous prie de croire, mes chers collègues, à la force de mon engagement et à mes sentiments les plus sincères.

Olivier Faron
Administrateur général du Cnam