Colloque international

Les 20 ans des doctorats sociologie travail social et sciences de l’Education travail social

29 septembre 2025
30 septembre 2025

Cnam : 2 rue Conté, Paris 3e

Amphithéâtre Laussédat


À l’occasion des 20 ans des doctorats en sociologie, travail social et sciences de l’éducation au Cnam, un colloque international réunit chercheurs et praticiens les 29 et 30 septembre 2025. Deux journées pour retracer une aventure académique unique en France, interroger l’avenir du travail social comme champ scientifique, et débattre des enjeux de recherche, de formation et de professionnalisation à l’échelle internationale.

 Le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) est un établissement public d'enseignement supérieur, dont le statut et le fonctionnement sont plus proches des Grandes Ecoles que des universités1. Depuis les années 1990, le Cnam avait établi des partenariats avec des établissements de formation en travail social. Une étape supplémentaire a été franchie avec la création, fin 2001, de la chaire de Travail social, avec l’appui de la Direction générale de l’action sociale (aujourd’hui Direction générale de la cohésion sociale), de quelques universitaires et du secteur professionnel, pour valoriser l’expertise et les capacités de recherche des travailleurs sociaux. Sa première titulaire a été Brigitte Bouquet. En mettant en place un diplôme d’études approfondies, puis un master de recherche en travail social, elle a beaucoup contribué à dépasser le clivage entre la recherche académique et les savoirs professionnels.

En 2009, l’intitulé de la chaire a été modifié pour intégrer le champ plus large de l’intervention sociale. Cela lui a permis de contribuer à la double certification d'étudiants en travail social qui présentent à la fois un master et un diplôme professionnel supérieur (le certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrant et de responsable d’unité d’intervention sociale ou le diplôme d'Etat d'ingénierie sociale). Ces montages ont été l'occasion de définir des contenus de formation complémentaires en matière de méthodologie de la recherche, de connaissances des publics concernés par le travail social, d'analyse des politiques publiques, de réflexion sur les pratiques...

Unique en son genre en France, cette chaire a mis en synergie un établissement d’enseignement supérieur (le Cnam), un laboratoire (LISE), d’une école doctorale et une filière dédiée au travail social et à l’intervention sociale, elle-même organisée autour d’un master de recherche en travail social et d’un master professionnel dédié à l’économie sociale et solidaire : ces masters sont les pièces centrales d’une filière avec, en amont, une licence professionnelle d'intervention sociale (aujourd’hui une filière sciences humaines et sociales travail) et, en aval, des possibilités offertes aux étudiants de poursuivre leur parcours par un doctorat. Cinq ans après le rapport sur La coopération entre les établissements de formation préparant aux diplômes de travail social et les universités, aucune université ne s'est souciée de s'inspirer de cette organisation qui pourrait préfigurer la construction du travail social en tant que discipline universitaire. Il n’est d’ailleurs pas certain que le Cnam lui-même soit en mesure d’aller plus loin dans ses initiatives.

En tous cas, une opportunité s’est présentée : sans se préoccuper spécifiquement du travail social, l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), à l’occasion du projet de création d’une nouvelle école doctorale du Cnam, avait incité en juillet 2010 au développement de « doctorats professionnels ». L’AERES entendait valoriser ainsi des « rassemblements inédits de disciplines de recherche et d’enseignement correspondant souvent à des champs de pratiques professionnelles ou ayant pour objet les pratiques professionnelles ». Elle précisait que l’objectif était « explicitement fondé sur un univers de références épistémologiques, théoriques et méthodologiques partagé et d’objets propres à ces champs de recherche privilégiant le travail, l’activité humaine, la transformation des activités, des personnes, des entreprises et des organisations ».

Une autre initiative a favorisé l’accélération de la dynamique enclenchée autour de la question du doctorat en travail social : en octobre 2011, au Cnam, intitulée Savoirs professionnels, Hautes Ecoles, Universités : quelle légitimité pour la recherche en/dans/sur le travail social ?, puis de la conférence de concensus sur la recherche et le travail social les 14 et 15 novembre 2012 qui a posé à un jury international la question suivante : faut-il envisager un doctorat de travail social ou une mention travail social d’un doctorat référé à une discipline reconnue (sociologie, sciences de l’éducation…) ? Après un processus assez long, un consensus s’est dégagé sur le principe d’une formation doctorale dans le champ du travail social. Il ne paraissait pas souhaitable de maintenir une exception française dans ce domaine. Mais la question du choix de la formule (doctorat en travail social ou une mention travail social d’un doctorat existant) est restée ouverte.

Deux options se présentaient :

  • un doctorat « professionnel » sur le modèle anglo-saxon, tel le « professionnal doctorate », le « doctorate in business administration », distincts du doctorat académique (PhD), sur le modèle français du doctorat de médecine ou de pharmacie ;
  • un doctorat « professionnalisant », consistant en une spécialité « travail social » du doctorat généraliste du Cnam, avec une double référence possible à la section 19 (sociologie) ou la section 70 (sciences de l’éducation) du Conseil national des universités (CNU).

Auditionné à l’occasion du rapport traitant de La coopération entre les établissements de formation préparant aux diplômes de travail social et les universités, un responsable du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Claude Jolly, a donné des précisions qui expliquent bien la position des pouvoirs publics : « Pour créer un doctorat nouveau, il faut, au préalable, un faisceau d’initiatives, de recherches dans un domaine donné, des laboratoires, des équipes de recherche, des productions, des publications. Une école doctorale ne se constitue pas a priori d’autant que tous les doctorats se font à la charnière de plusieurs champs, que les équipes sont souvent trans-établissements. Le développement de la recherche n’est pas une affaire administrative ou statutaire, elle s’appuie sur des forces vives, des partenariats, des recrutements. Les UMR reposent par définition sur l’association d’un organisme de recherche (INSERM, CNRS) et un établissement d’enseignement supérieur. Cela se prépare par des équipes d’accueil, des investissements… Cela s’inscrit dans une temporalité : des équipes se développent, mais peuvent aussi disparaître. » Par conséquent, la voie réglementaire ne peut intervenir qu’à partir d’une dynamique impliquant l’ensemble des acteurs et d’une portée significative.

Aujourd’hui, ces deux spécialités doctorales ont 20 ans, qu’en-il exactement ? où en est la filière sciences humaines et sociales travail social ? Où en est la discipline ?

Responsables

  • Emmanuel Jovelin
  • Marcel Jaeger 

Organisation

  • Loïc Breuss
  • Jacqueline Immele
  • Joanhina Catarino Riautet
  • Emmanuel Jovelin

Intervenants

Emmanuel Jovelin, Marcel Jaeger, Thierry Tourte, Laurent Fraisse, Stéphane Rullac (Suisse), JF Dujol, Manuel Pelissié, Joelle Libois (Suisse), Jean Marie Bataille, Laure Lienard, Manuel Boucher, Jean Louis Laville, Jean Claude Ruano Borballan, Juha Hamalainen (Finlande), Berta Granja (Portugal), Kheira Belhadj (Québec), Annick Lenoir (Québec), Abye Tassé (Afrique et Etats-Unis), Peter Erath (Allemagne), Jean Foucart (Belgique), Jean Claude Dupuis, Miriam Sramata (Slovaquie), Brian Littlechid (Grande Bretagne), Anna Elia (Italie), Anita Gulcynska (Pologne), Oldrych Chtyl (République Tchèque), Grand Olivier (Suisse), Breuer Marc (Allemagne). Jean Yves Dartiguenave, Michel Chauvière