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            mag'
          
        
        
          
            Vu d’ailleurs... Brigitte Bouquet
          
        
        
          
            Nous sommes l’un des rares
          
        
        
          
            pays d’Europe à avoir mis en
          
        
        
          
            place ce genre de dispositif»
          
        
        
          Aujourd’hui rapporteure générale de la Commission nationale de la certification professionnelle
        
        
          (CNCP), Brigitte Bouquet a été, de 2006 à 2009, directrice de projet VAE à la Délégation générale à
        
        
          l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), organe qui pilote encore aujourd’hui le dévelop-
        
        
          pement de la validation des acquis de l’expérience (VAE) au niveau interministériel. Actrice au cœur
        
        
          des premiers temps de la VAE, elle nous éclaire sur les évolutions qu’a connues le dispositif.
        
        
          En quoi consistait votre travail en tant que directrice
        
        
          de projet VAE?
        
        
          Ma mission avait été initiée en 2006 à la suite d’une déci-
        
        
          sion politique du Premier ministre de l’époque,
        
        
          Dominique de Villepin, qui souhaitait doubler le nombre
        
        
          de personnes ayant obtenu une validation des acquis de
        
        
          l’expérience. Il ciblait prioritairement ceux possédant un
        
        
          faible niveau de qualification. Un comité interministériel
        
        
          de développement de la VAE a alors été créé pour trois
        
        
          ans, avec pour but d’harmoniser les pratiques, simplifier
        
        
          les procédures, et améliorer les méthodes d’orientation
        
        
          et d’accompagnement.
        
        
          Nous avons impulsé des actions qui se sont ensuite
        
        
          pérennisées, parmi lesquelles le formulaire commun
        
        
          pour la recevabilité administrative et une charte d’ac-
        
        
          compagnement des certificateurs publics. Nous avons
        
        
          en outre développé le premier portail web 
        
        
        
          gouv.fr.
        
        
          Quelles étaient les visées des promoteurs de la VAE,
        
        
          instaurée par la loi de modernisation sociale?
        
        
          La VAE a créé une nouvelle modalité d’accès au diplôme.
        
        
          Tout actif pouvait valoriser son expérience, de manière à
        
        
          évoluer professionnellement tout au long de sa vie.
        
        
          L’ambition était aussi de doter de qualifications les per-
        
        
          sonnes qui jusque-là n’en possédaient aucune. Il s’agit
        
        
          d’abord d’un droit individuel, mais nous avons très vite
        
        
          compris que le recours à une démarche de VAE collec-
        
        
          tive permettait de multiplier le nombre de personnes
        
        
          diplômées par ce biais. Mené par les entreprises, le pro-
        
        
          cessus fait aussi sens et génère davantage de
        
        
          candidats.
        
        
          Pourtant, les chiffres baissent depuis 2014. Est-ce dû
        
        
          à un manque de notoriété? À un problème de
        
        
          moyens?
        
        
          La VAE est un dispositif coûteux, notamment pour la
        
        
          mise en place de jurys, aujourd’hui à la charge des certi-
        
        
          ficateurs. Mon regret est que par ailleurs les VAE de cer-
        
        
          tifications en entreprise ne soient pas comptabilisées.
        
        
          Elles sont pourtant nombreuses !
        
        
          Quels ont été les effets de la création de la VAE dans
        
        
          les pratiques de formations professionnelles ?
        
        
          Avec la VAE, c’est une nouvelle dynamique qui s’est
        
        
          enclenchée. Vincent Merle, son créateur, aimait à dire
        
        
          qu’il s’agissait d’une révolution tranquille. En consé-
        
        
          quence, les évolutions qu’elle engendre mettent du
        
        
          temps à se faire sentir. Nouvelle modalité d’accès au
        
        
          diplôme, la VAE nécessite de procéder à un redécoupage
        
        
          des diplômes et titres, à la description des résultats de
        
        
          l’apprentissage.
        
        
          Au fil du temps, de nouvelles dispositions législatives
        
        
          permettent d’améliorer la procédure. Parmi les der-
        
        
          nières en date, on trouve les blocs de compétences,
        
        
          introduits par la loi du 5 mars 2014. Les certificateurs
        
        
          vont ainsi pouvoir identifier et certifier des blocs de com-
        
        
          pétences. Ceux-ci facilitent les passerelles vers d’autres
        
        
          certifications. C’est une belle progression : il est mainte-
        
        
          nant possible de capitaliser ses compétences, voire d’en-
        
        
          gager une formation, fort de ce premier socle. Le
        
        
          système des blocs de compétences est à mes yeux une
        
        
          manière plus pertinente de travailler sur l’acquisition
        
        
          progressive de compétences tout au long de la vie. Le fait
        
        
          de valoriser et de positiver l’obtention de ces blocs n’est
        
        
          «