 
          
            mag'
          
        
        
          
            31
          
        
        
          Grand angle
        
        
          Retrouvez
        
        
          l’intégralité
        
        
          de l’interview de
        
        
          Frédérique Even
        
        
          Horellou
        
        
          sur le blog
        
        
          du Cnam
        
        
          Les candidat
        
        
          
            ·
          
        
        
          e
        
        
          
            ·
          
        
        
          s à la VAE les côtoient peu et pourtant de leur décision dépend la validation ou non de
        
        
          la certification sollicitée, aboutissement de plusieurs mois de travail. Issus du secteur académique
        
        
          et professionnel, les membres de jury de VAE ont en effet la lourde tâche d’évaluer les aptitudes pro-
        
        
          fessionnelles acquises au regard des référentiels du diplôme visé. Un rôle clé dont les pratiques se
        
        
          sont institutionnalisées depuis 2002.
        
        
          M
        
        
          aître de conférences au Conservatoire,
        
        
          Frédérique Even Horellou exerce aussi son rôle
        
        
          de pédagogue en tant que membre de jury de
        
        
          VAE. «
        
        
          
            Dès que l’application de la loi de 2002 s’est profi-
          
        
        
          
            lée, j’ai choisi de m’engager dans le processus. En tant
          
        
        
          
            qu’enseignante au Cnam, côtoyant un public d’appre-
          
        
        
          
            nants adultes, souvent forts d’une expérience profes-
          
        
        
          
            sionnelle solide et qui apportent à l’établissement leur
          
        
        
          
            vécu, il m’a paru logique de participer à l’accueil et l’éva-
          
        
        
          
            luation des candidats à la VAE, tout en échangeant avec
          
        
        
          
            eux et leurs accompagnateurs
          
        
        
          », se souvient-elle.
        
        
          Depuis, le jury national composé d’une quinzaine de
        
        
          membres dont elle assure la présidence est habilité à
        
        
          délivrer par cette voie des certifications de niveau III
        
        
          (bac+2) à niveau I (bac+5) liées aux métiers auxquels elle
        
        
          forme ses auditeurs et auditrices : management, ges-
        
        
          tion, comptabilité et ressources humaines.
        
        
          Une centaine de dossiers évalués par session
        
        
          Les prétendant·e·s à une VAE présentent souvent des
        
        
          similitudes de profil. À l’instar des «
        
        
          
            candidats à une
          
        
        
          
            certification de niveau bac+2
          
        
        
          , [qui pour]
        
        
          
            beaucoup ont
          
        
        
          
            incontestablement acquis des compétences dans le
          
        
        
          
            cadre de leur profession. Mais possédant une certifica-
          
        
        
          
            tion infra-bac, ils se sont heurtés à un plafond de verre
          
        
        
          
            en essayant de progresser en qualification ou de se
          
        
        
          
            reconvertir
          
        
        
          . » Sauf exception, ces candidat·e·s ne seront
        
        
          pas présent·e·s lors des jurys de VAE qui se réunissent
        
        
          en formation plénière trois fois par an pour évaluer et
        
        
          délibérer sur l’ensemble des dossiers accompagnés
        
        
          entre deux sessions. C’est en amont, lors d’un entretien
        
        
          préalable, que le dossier est défendu par son auteur·e
        
        
          face à une commission composée de spécialistes, pro-
        
        
          fessionnels ou académiques, du domaine de la certifica-
        
        
          tion concernée. «
        
        
          
            Ce moment nous est utile à la fois pour
          
        
        
          
            croiser les informations afin de les confirmer mais aussi
          
        
        
          
            pour recueillir un certain nombre de nouveaux éléments
          
        
        
          
            probants
          
        
        
          », souligne Frédérique Even Horellou. Des
        
        
          indices permettent en effet de déceler rapidement une
        
        
          candidature décalée «
        
        
          
            que cela soit par la structure du
          
        
        
          
            dossier, le vocabulaire employé, la gestion des annexes
          
        
        
          
            inexistantes ou surabondantes mais non organisées...
          
        
        
          ».
        
        
          La cohérence générale de la certification demandée par
        
        
          rapport au parcours de la personne est alors examinée à
        
        
          la loupe. Car, «
        
        
          
            certains commettent des erreurs d’ap-
          
        
        
          
            préciation dans le choix de leur certification
          
        
        
          », analyse
        
        
          l’universitaire. Il est alors nécessaire de préparer les
        
        
          candidat·e·s à accepter un probable refus de l’étendue de
        
        
          la demande de validation du diplôme par le jury national.
        
        
          Pour juger de cela, la parole du ou de la conseiller·ère qui
        
        
          l’a accompagné·e pèsera aussi dans la balance.
        
        
          Dialoguer pour réduire les échecs
        
        
          De fait, les accompagnatrices et accompagnateurs VAE
        
        
          jouent un rôle primordial, dans l’élaboration du dossier
        
        
          qui sera examiné et servira à évaluer le ou la candidat·e.
        
        
          «
        
        
          
            La VAE est une co-construction entre le candidat, son
          
        
        
          
            conseiller et ses évaluateurs
          
        
        
          », rappelle Frédérique Even
        
        
          Horellou. «
        
        
          
            Aussi, plus le dialogue avec le conseiller VAE
          
        
        
          
            intervient en amont du jury, plus les risques d’échec d’un
          
        
        
          
            candidat sont faibles. Il est vrai que nous avons un
          
        
        
          a
        
        
          priori
        
        
          
            de solidité et de robustesse sur le dossier s’il a été
          
        
        
          
            suivi par un conseiller expérimenté dont nous connais-
          
        
        
          
            sons le travail. Nous avons notamment pris l’habitude à
          
        
        
          
            chaque jury d’inviter des conseillers en tant qu’observa-
          
        
        
          
            teurs, pour qu’ils aient un regard aiguisé sur nos pra-
          
        
        
          
            tiques. Nous mobilisons tous les moyens estimés
          
        
        
          
            pertinents pour que le processus de VAE soit de plus en
          
        
        
          
            plus sécurisé et apporte les conditions nécessaires à une
          
        
        
          
            validation totale du diplôme.
          
        
        
          »
        
        
          À l’image de l’accompagnement fourni par les conseil-
        
        
          lères et conseillers VAE, les premiers jurys ont peu à peu
        
        
          construit leurs pratiques et critères d’évaluation, sédi-
        
        
          mentant leurs façons d’agir, qui paraissent aujourd’hui
        
        
          bien institutionnalisées. Le dispositif est ainsi monté en
        
        
          puissance au fil du temps. Mais l’exercice a aussi influé
        
        
          dans d’autres champs, permettant notamment une
        
        
          régénération des pratiques pédagogiques. Aux yeux de
        
        
          Frédérique Even Horellou, il a notamment permis d’enri-
        
        
          chir sa lecture des publics. Un exercice gagnant.
        
        
          
        
        
          
            Dans la peau d’une jurée