 
          
            mag'
          
        
        
          
            39
          
        
        
          partagé avec les parents et diffusé sur le Web. Nous
        
        
          devrions nous inspirer des méthodes d’évaluation du
        
        
          système éducatif en Angleterre qui s’apparentent à de
        
        
          réelles opérations de vérité, sans jamais être punitives.
        
        
          En bref, le système éducatif français a permis de démo-
        
        
          cratiser l’accès à l’enseignement. Cependant, nous
        
        
          n’avons pas démocratisé la réussite. Repenser le finan-
        
        
          cement, remettre les enfants au cœur du système, for-
        
        
          mer et collaborer avec les enseignants, et refondre le
        
        
          système d’évaluation me semblent des pistes fondamen-
        
        
          tales qu’il faut mettre en œuvre au plus vite.
        
        
          Mal classée dans l’enquête Pisa de 2001, l’Allemagne
        
        
          a entrepris de nombreuses réformes qui lui ont
        
        
          permis de sortir de l’ornière. Quels enseignements
        
        
          peut-on en tirer?
        
        
          L’enseignant allemand bénéficie d’une considération très
        
        
          différente de son homologue français. Sa position
        
        
          sociale, sa rémunération, son image dans la société sont
        
        
          bien meilleures. L’éducation nationale doit accompagner
        
        
          les enseignants et s’assurer de la bonne formation de ces
        
        
          derniers, dans la bienveillance mais sans complaisance.
        
        
          Ce souffle doit être insufflé depuis le haut de la pyra-
        
        
          mide. L’effet d’asphyxie dans lequel nous nous trouvons
        
        
          est aussi le fruit d’une alternance politique conduisant
        
        
          des réformes souvent contradictoires avec celles de la
        
        
          majorité précédente. L’organisation du système éducatif
        
        
          et l’analyse de ses défaillances expliquent certainement
        
        
          nos divergences de performances avec le système
        
        
          allemand.
        
        
          Comment réformer la formation des enseignants ?
        
        
          La refondation de l’école ne peut pas s’appuyer unique-
        
        
          ment sur la formation initiale des enseignants, car les
        
        
          recrutements sont trop faibles. Le corps enseignant ne
        
        
          se renouvelle en effet qu’à hauteur d’environ 3% par an.
        
        
          Je déplore une formation continue défaillante et une for-
        
        
          mation initiale qui ne répond pas aux objectifs du sys-
        
        
          tème éducatif. Pour pallier cela, je propose le
        
        
          développement d’une formation en alternance dès la
        
        
          licence.
        
        
          L’Institut Montaigne a publié un travail sur le compte
        
        
          emploi-formation. La formation professionnelle des
        
        
          enseignants en dehors de leur temps de travail en classe
        
        
          ne peut se réaliser sans incitations. Elle doit être
        
        
          monétisée.
        
        
          L’entreprise a-t-elle sa place dans l’enseignement ?
        
        
          Je suis convaincu que les entreprises ont un rôle majeur
        
        
          à jouer dans l’enseignement professionnel. Je souhaite
        
        
          que nous doublions ou triplions le nombre d’apprentis ou
        
        
          d’alternants présents dans cette voie. Systématiser l’in-
        
        
          terpénétration des centre de formation des apprentis
        
        
          (CFA) et des lycées professionnels me semble un enjeu
        
        
          majeur. Aussi, les rencontres entre les cadres du minis-
        
        
          tère et les chefs d’entreprise ne sont pas assez fré-
        
        
          quentes. Les craintes selon lesquelles les entreprises
        
        
          souhaiteraient formater le cerveau des élèves sont tota-
        
        
          lement aberrantes et infondées !
        
        
          Comment rétablir l’équité en matière d’orientation
        
        
          des élèves ?
        
        
          Il faudrait renforcer la transparence sur les filières
        
        
          d’orientation. Rétablir l’équité en matière d’orientation
        
        
          nécessite le courage de publier les taux de réussite et
        
        
          l’efficacité des formations dispensées dans chaque éta-
        
        
          blissement. Ainsi, les élèves pourront se faire leur
        
        
          propre opinion sur chaque formation. L’apprentissage
        
        
          est la voie normale, qui permet à un élève d’exercer plus
        
        
          de 200 métiers différents. Je suis favorable au maintien
        
        
          du collège unique. Nous souhaitons ouvrir davantage de
        
        
          BTS aux lycées professionnels. 40% des personnes qui
        
        
          bénéficient des Conventions d’éducation prioritaire de
        
        
          Sciences-Po proviennent de la classe moyenne. La diver-
        
        
          sification de l’origine des étudiants est un symbole positif
        
        
          de la démocratisation de la réussite.
        
        
          
        
        
          Réunissant sous l’impulsion du Conservatoire, parle-
        
        
          mentaires, représentant·e·s de la société civile et
        
        
          expert·e·s, le club de réflexion Construire l’avenir vise à
        
        
          alimenter le débat public autour de problématiques
        
        
          sociétales. Intitulée «
        
        
          
            l’éducation, le meilleur antidote à
          
        
        
          
            la crise
          
        
        
          », le deuxième rendez-vous de ce club avait
        
        
          pour ambition, selon Olivier Faron, «
        
        
          
            de faire partager
          
        
        
          
            la connaissance pour favoriser une société plus inclu-
          
        
        
          
            sive. "L’éducation comme antidote à la crise" est ainsi
          
        
        
          
            une problématique au cœur de nos convictions. Et,
          
        
        
          
            démocratiser la réussite est la plus belle ambition que
          
        
        
          
            nous puissions avoir.
          
        
        
          »
        
        
          360 degrés