 
          
            mag'
          
        
        
          
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          Grand angle
        
        
          
            L’ABC de la VAE
          
        
        
          Voici 15 ans que je suis conseillère VAE au Cnam. Depuis la loi de janvier 2002, j’ai ainsi accompagné
        
        
          plus de 800 personnes dans cette démarche. Cette expérience m’a permise d’appréhender au plus
        
        
          près la manière dont les collectifs de travail concourent au développement des compétences. Mais
        
        
          aussi comment, à l’occasion de la VAE, les candidat.e.s s’en saisissent et se forment. Cette démarche
        
        
          est une valse à trois temps, qui s’échelonne sur douze mois, période nécessaire à la réflexion.
        
        
          P
        
        
          remier temps
        
        
          : la recevabilité qui permet de préci-
        
        
          ser au candidat.e le titre, la certification ou le
        
        
          diplôme du Cnam susceptible d’être obtenu par
        
        
          VAE. 450 certifications du Conservatoire sont acces-
        
        
          sibles par ce biais : du titre professionnel niveau III au
        
        
          titre d’ingénieur, en passant par le doctorat, les licences,
        
        
          les masters. Le ou la conseiller.ère VAE doit réaliser un
        
        
          important travail pour connaître ces certifications, tra-
        
        
          vailler en lien avec les responsables des diplômes et s’ap-
        
        
          proprier les référentiels de compétences tout en restant
        
        
          en veille sur les métiers et leurs évolutions.
        
        
          Deuxième temps
        
        
          : une fois l’avis favorable prononcé, le
        
        
          temps de l’accompagnement peut commencer. Celui-ci
        
        
          est primordial. Pour financer cette prestation, le ou la
        
        
          candidat.e peut mobiliser son compte personnel de for-
        
        
          mation (CPF), le congé pour VAE, les financements du
        
        
          Conseil régional (et/ou Pôle emploi s’il est en recherche
        
        
          d’emploi). Enfin la démarche peut faire l’objet d’un finan-
        
        
          cement par l’entreprise sur son budget formation.
        
        
          Le ou la conseiller.ère s’adapte au rythme et contraintes
        
        
          du ou de la candidat.e en proposant des entretiens indi-
        
        
          viduels comme des séances collectives sur une période
        
        
          de quatre à six mois, parfois à distance lorsque la mobi-
        
        
          lité n’est pas possible. Pas à pas, grâce à la méthodologie
        
        
          d’analyse de l’expérience, le ou la candidat.e progresse
        
        
          dans l’élaboration de son dossier où sont détaillées les
        
        
          activités exercées en relation avec la certification visée.
        
        
          Ainsi, il ou elle démontre les acquis développés en exer-
        
        
          çant des activités professionnelles et/ou bénévoles. Cet
        
        
          exercice est l’essence même de la VAE.
        
        
          Troisième temps
        
        
          enfin, l’évaluation par le jury. Celui-ci
        
        
          peut délivrer la totalité de la certification ou du diplôme
        
        
          visé. C’est le moment le plus intense pour le ou la
        
        
          candidat.e qui rencontre ses évaluateurs pour la pre-
        
        
          mière fois. Il s’agit parfois de sa première expérience de
        
        
          jury. C’est pourquoi une bonne préparation à cet entre-
        
        
          tien s’impose. Si le jury décide de n’attribuer qu’une par-
        
        
          tie du diplôme ou d’en refuser l’obtention (ce qui est
        
        
          rare), il est important de proposer un temps « post
        
        
          VAE» : le ou la candidat.e doit comprendre la décision,
        
        
          l’accepter et prendre en compte les pistes préconisées
        
        
          par le jury pour obtenir le diplôme. Cela peut consister à
        
        
          suivre une formation (les formations modulaires du
        
        
          Cnam, souvent accessibles à distance, sont tout à fait
        
        
          adaptées, comme souvent les MOOCs) ou lire des
        
        
          ouvrages. Le ou la candidat.e peut également présenter
        
        
          une nouvelle VAE : un stage, une mise en situation pro-
        
        
          fessionnelle ou un emploi ciblé qui viendront compléter
        
        
          l’expérience s’il ou elle est en recherche d’emploi. L’appui
        
        
          de son entreprise sera capital s’il s’agit d’acquérir de
        
        
          nouvelles compétences ou de les consolider.
        
        
          Du point de vue de l’entreprise, la démarche VAE est
        
        
          maintenant connue. Mais elle ne sera mobilisée que si
        
        
          elle répond à un projet qui correspond à sa stratégie de
        
        
          gestion des ressources humaines. Le dispositif s’inscrit
        
        
          en effet dans le temps long : il s’agit de faire face aux évo-
        
        
          lutions de l’activité, de développer de nouvelles compé-
        
        
          tences, d’organiser la mobilité, de répondre aux
        
        
          exigences récentes issues de la réforme de la
        
        
          formation...
        
        
          Nous avons pu ainsi assurer une ingénierie de projet (en
        
        
          Poitou-Charentes) répondant à des problématiques de
        
        
          recrutement et de mobilité. Entre autres exemples, tra-
        
        
          vailler sur les compétences des élu.e.s de comités d’en-
        
        
          treprise ; accompagner une PME dont la problématique
        
        
          RH consistait à fidéliser ses cadres et à faire face à des
        
        
          contraintes réglementaires ; proposer une prestation
        
        
          VAE pilotée au niveau national pour le service mobilité
        
        
          du ministère de la Défense avec un accompagnement
        
        
          sur tout le territoire ; accompagner un collectif de
        
        
          salarié.e.s expatrié.e.s en Inde. Autre exemple : en mars
        
        
          2017, un groupe d’infirmières coordinatrices en établis-
        
        
          sements d’hébergement pour personnes âgées dépen-
        
        
          dantes (EPHAD), constitué en relation avec l’Agence
        
        
          régionale de Santé, démarre une «VAE collective» qui a
        
        
          pour ambition de concilier intérêt individuel et recon-
        
        
          naissance de cette fonction en constante évolution.
        
        
          
        
        
          Par
        
        
          Jocelyne
        
        
          Canteau