Le Cnam mag' #7 - page 29

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Grand angle
universitaire, l’idée que l’on puisse valider un doctorat en
VAE, et donc que ce dispositif puisse toucher les plus
hauts niveaux de formation fait débat. Or peut être qu’un
jour on considérera cette voie comme normale.
La VAE a-t-elle tenu ses promesses en permettant
des évolutions professionnelles ?
Si Vincent Merle, parmi ses instigateurs, voulait en faire
un instrument dans la gestion des transitions profes-
sionnelles, la VAE a de fait été princi-
palement utilisée comme l’outil de
reconnaissance d’un travail accom-
pli. En France, on pense souvent qu’il
suffit d’instaurer des droits indivi-
duels pour susciter l’adhésion. Or
ceux-ci concernent en premier lieu
ceux qui ont les moyens de s’en emparer, donc les CSP+,
des gens déjà diplômés, disposant des relais et réseaux
nécessaires. Il est important de mettre en place des
garanties collectives pour concrétiser ce droit et des
intermédiaires pour aider les actifs à l’enclencher.
L’accompagnement paraît primordial. En l’aidant à
mettre en mots son expérience, l’accompagnateur ouvre
un monde au candidat. C’est un travail essentiel qui
contribue à mettre en marche salariés et demandeurs
d’emploi vers la mobilité professionnelle.
La VAE collective est-elle plus efficace?
Dans les parcours collectifs, la démarche est plus
rapide, les risques d’abandon amoindris. L’entreprise ini-
tiatrice de la démarche propose en effet au salarié un
parcours clé en main : elle sélectionne le titre RNCP visé,
s’occupe du dossier de recevabilité, choisit un accompa-
gnement et constitue le jury. Mais souvent les candidats
ne s’approprient pas leur démarche et ne perçoivent pas
la manière dont elle pourra changer leur parcours
professionnel. Je pense que les acteurs syndicaux ont un
rôle à jouer pour établir un équilibre entre les aspira-
tions individuelles des personnes engagées dans ces
processus collectifs et la nécessaire prise en compte des
impératifs des entreprises.
L’action de VAE collective menée en ce moment par Pôle
emploi représente un exemple intéressant. Dans le cadre
du plan gouvernemental « 500 000 formations supplé-
mentaires» initié en janvier 2016
3
, l’organisme propose
10 000 places d’accompagnement à
la VAE pour les demandeurs d’em-
ploi. Un référent épaule ainsi les
candidats tout au long de leur par-
cours. Le dispositif se double d’une
étude des besoins du marché de
l’emploi sur chaque territoire. Ainsi,
il vise à délivrer un titre ou une certification dans des
secteurs d’activités où il y a pénurie de recrutement et
besoin de compétences. Les premiers visés par cette
opération sont les personnes faiblement qualifiées, l’ob-
jectif étant de favoriser leur retour à un emploi durable.
De telles opérations inscrivent les candidats dans une
dynamique de changement. À travers elles, ils prennent
conscience des connaissances et compétences dont ils
disposent. Et cette expérience peut ensuite déboucher
sur une demande de formation tout au long de la vie. Tel
est bien l’enjeu, celui d’une mise en mouvement
professionnel.
Propos recueillis par Aurélie Verneau
3:
L’objectif du plan
est de porter à un
million le nombre
de formations
à destination
des personnes
en recherche
d’emploi. Il doit
aussi répondre
aux besoins de
compétences
des entreprises
et des branches
professionnelles,
en fonction des
territoires.
L’accompagnement
contribue à mettre en
marche salariés et
demandeurs d’emploi vers la
mobilité professionnelle
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